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viernes, 4 de mayo de 2018

ETA : comment les catholiques œuvrent pour la paix au Pays basque

L’organisation séparatiste basque ETA a annoncé, jeudi 3 mai, sa dissolution et la fin de son activité politique après des décennies d’attentats.
Des hommes d’Église ont permis, à plusieurs reprises, le dialogue entre membres de l’organisation armée et État espagnol, irakurten dogu La Croix Pariseko egunkari katolikoan.

L’organisation séparatiste basque ETA a annoncé, jeudi 3 mai, sa dissolution et la fin de son activité politique après des décennies d’attentats, dans un communiqué publié par plusieurs médias espagnols. « L’ETA a totalement démantelé l’ensemble de ses structures. L’ETA déclare mettre fin à toute activité politique », écrit le groupe dans une « déclaration finale » frappée de son sceau.


Le communiqué fait suite à la demande de pardon aux victimes de l’organisation et précède la seconde « conférence internationale de la paix au Pays basque », qui aura lieu vendredi 4 mai à Cambo-les-bains.

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Qu’en est-il de l’Église catholique ? Les évêques des cinq diocèses du Pays basque (Mgr Marc Aillet, à Bayonne, Mgr Mario Iceta, de Bilbao, Mgr Juan Carlos Elizalde, de Vitoria, Mgr José Ignacio Munilla, de San Sebastian et Mgr Francisco Pérez, archevêque de Pampelune et évêque de Tudela) ne se rendront pas à cette conférence.
S’ils ont eux aussi demandé pardon, dans une lettre publiée le 23 avril, pour « des complicités, des ambiguïtés, des omissions » entretenues avec l’ETA, ils n’ont en revanche jamais souhaité participer à ce « processus de paix ».

Des hommes d’Église ont permis, plusieurs fois, le dialogue

« C’est dommage qu’ils ne veuillent pas plus prendre part au processus de paix, même s’ils ne le condamnent pas, déplore Maite Irazoqui, de « Atxik Berrituz », le Collectif de chrétiens pour la paix au Pays basque. Nous avons organisé des veillées de prière, où nous avons invité les victimes, d’anciens prisonniers basques et tous ceux qui le voulaient à prendre la parole. Un travail de fourmi pour toucher aussi ceux qui ne sont pas militants, et qui n’ont pas l’habitude d’évoquer ces choses-là. »

« Il reste encore à désarmer les cœurs et les esprits de tous ceux qui ont souffert de ce conflit, souligne Mikel Epalza, aumônier des marins à Saint-Jean-de-Luz et Ciboure. Il faut que les ennemis d’hier puissent se parler, que les victimes de tous bords soient écoutées. Cela fait quarante ans que la Coordination des prêtres du Pays basque travaille comme médiatrice pour faire entendre la nécessité de la paix à l’ETA et celle du respect des droits de l’homme aux autorités. »

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Des hommes d’Église ont en effet permis, à plusieurs reprises, le dialogue entre membres de l’organisation et l’État espagnol. Dans les années 1990, la communauté de Sant’Egidio avait servi d’intermédiaire entre le gouvernement Aznar et l’ETA. Mgr Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et ancien assistant ecclésiastique de la communauté, était par ailleurs présent lors de la remise d’armes de l’ETA à la police, le 8 avril dernier.

« Le temps de la souffrance utilisée comme arme politique par les deux camps est révolu »

En 1998, Mgr Juan Mari Uriarte, alors évêque de Zamora, avait réussi à établir des liens entre l’Espagne et l’ETA durant l’accord de cessez-le-feu qui dura plusieurs mois. « Juan Mari Uriarte avait réussi à organiser une réunion secrète en Suisse entre trois membres du gouvernement et deux de l’organisation, détaille Imanol Murua Uria, professeur à l’Université basque, et auteur en 2010 d’une enquête sur les négociations entre l’ETA et l’Espagne (1).

« Des hommes d’Église avaient aussi réussi à créer un terrain favorable pour des échanges qui avaient eu lieu en 2006, même s’ils n’avaient pas pris directement part à l’organisation de cette rencontre. Mais je sais qu’il y avait eu à cette époque plusieurs aller-retour vers le Vatican pour essayer d’obtenir un soutien officiel du Vatican pour un processus de paix. Le pape n’avait pas pris position alors, mais avait vu d’un bon œil la trêve qui avait suivi. »

Douze ans après, la dissolution de l’ETA est annoncée. « Le temps de la souffrance utilisée comme arme politique par les deux camps est révolu, estime Mikel Epalza. La conférence internationale de Cambo sera le début d’une nouvelle page, une histoire à écrire entre tous au Pays basque. »

Patxi Berhouet
 

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